Au fil du temps
Source : http://gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, réutilisation non commerciale libre et gratuite.
Propos au sujet d'une élection
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Voir aussi : -1861: Dialecte Bordelais, -1867: Propos au sujet d'une élection,
Trouvé au hasard des recherches à la BNF, ce texte est intéressant, avec une discussion autour d'une élection en 1867.
On y voit l'importance de l'eau, argument électoral.
La traduction de ce texte a été faite par Monsieur Olivier SIRGUE, Président de Luna d'Aiga Directeur de l'IEO Aquitània. Merci à lui.
Voir le site Ostau Occitan.
L'ÉLECTIOUN | L'ÉLECTION |
Prépaous tinguts per dux électurs daou Bouscat | Propos tenus par deux électeurs du Bouscat |
CADET à MATHIOU. | CADET à MATHIEU |
Porty Moussu Ferrière ; et tu ? | Je soutiens Monsieur Ferrière ; et toi ? |
MATHIOU | MATHIOU |
Moun candidat | Mon candidat |
A jou, moun cher Cadet, és Moussun Dubédat. | Moi, mon cher Cadet, c'est Monsieur Dubédat. |
CADET | CADET |
Ne botes pas ainsi ! .. Couméttes une faoute !... | Ne vote pas ainsi ! Tu commets une faute !... |
És bray, me diras-tu, n'ay bis ni l'un ni l'aoute ; | C'est vrai, me diras-tu, je n'ai vu ni l'un ni l'autre ; |
Mais lou garde dichut, dimécres aou matin, | Mais le garde a dit, mercredi matin, |
Én me baillén ma carte abèque un bulletin : | En me donnant ma carte avec un bulletin : |
« C'est Ferrière qu'il faut. Portez-le. » | « C'est Ferrière qu'il faut. Portez-le. » |
MATHIOU. | MATHIOU |
Quaou système ! | Quel système ! |
Balà bien, justemént.'ce que me paut... Tu même | Voilà bien, justement. ce qu'il me faut... Toi-même |
Seras de moun abis. Bas dire qu'ay raisoun | Tu seras de mon avis. Tu vas dire que j'ai raison |
D'esta countre. Permét une coumparaisoun : | D'être contre. Permets une comparaison : |
Démpuey trente ans et mey serbes lou même meste ; | Depuis trente ans et plus tu sers le même maître ; |
Fèdes bien soun'casaou ; sus débouat, sus leste, | Tu fais bien son jardin ; tu es dévoué, tu es leste, |
Balén coume une espade, én un mot, boun oubrey. | Vaillant comme une épée, en un mot, bon ouvrier. |
Toun meste auré grand tort d'exigea rés de mey. | Ton maître aurait grand tort d'exiger quelque chose de plus. |
Mais suppose un moumént que sus tout lou countraire ; | Mais suppose un moment que tu es tout le contraire ; |
Suppose que ne sus qu'un ase, un praoube hère, | Suppose que-ne tu n'es qu'un âne, un pauvre hère, |
É que si toun moussu ne te chec pas à pas, | Et que si ton monsieur ne te suit pas, pas à pas, |
Li gastes soun trabail, gaspilles sous affas. | Tu lui gâtes son travail, tu gaspilles ses affaires. |
Inébitablemént perdes sa counfiance, | Inévitablement tu perds sa confiance, |
É si n'a pas lou temps de fa sa surbeillance | Et si il n'a pas le temps de faire sa surveillance |
Het même, alors, paoubray, sentira lou bésougn | Lui-même, alors, c'est sûr, il sentira le besoin |
D'émbaoucha quaouqued'un cargat daou même sougn. | D'embaucher quelqu'un chargé du même soin. |
Mais ne te dira pas, coumprénes à merbeille : | Mais il ne te dira pas, tu comprends à merveille : |
« Té, Cadet, ay besougn qu'un homme te surbeille, | « Tiens, Cadet, j'ai besoin qu'un homme te surveille, |
» Noume-té qui bôudras, là, te dèchy caousi. | » Nomme qui tu voudras, là, je te laisse choisir. |
» L'homme que me diras, hé bé m'ara plaisi, » | » L'homme que tu me diras, Eh bien me fera plaisir, » |
CADET | CADET |
Nou, soun plus court seré de l'émbaoucha d'het même... | Non, ce qui est le plus court serait de l'embaucher lui-même... |
A méns que moun moussu s'igue sot à l'extrême. | A moins que mon monsieur soit sot à l'extrême. |
Pardi, tout un chacun a sa pougnte d'orguil : | Pardi, tout un chacun a sa pointe d'orgueil : |
Me caousiri quaouqu'un que n'aougusse pas l'uil | Je choisirais quelqu'un qui n'eût pas l'œil |
De beyre mous défabuts... Un argus faborable | De voir mes défauts... Un argus favorable |
A jou… | A moi… |
MATHIOU | MATHIEU |
L'affa d'anueyt és én tout pougn sémblable : | L'affaire d'aujourd'hui est en tout point semblable : |
Bédés, moun cher Cadet, l'administratioun, | Tu vois, mon cher Cadet, l'administration, |
Én se meylan ainsi d'aquére électioun, | En se mélant ainsi de cette élection, |
Boudré per surbeillant, n'estant pas boune oubreyre, | Voudrait pour surveillant, n'étant pas bonne ouvrière, |
Un de sous obligeats que ne pusque rés beyre... | Un de ses obligés que ne puisse rien voir... |
Jou, counéchén lou truc, dèchy soun candidat, | Moi, connaissant le truc, je laisse son candidat, |
É préfèry bota per Moussu Dubedat. | Et je préfère voter pour Monsieur Dubedat. |
CADET | CADET |
Alors; ne boty pas. | Alors ; je ne vote pas. |
MATHIOU | MATHIEU |
Bon!... | Bon !... |
CADET | CADET |
As énténdut dire… | As-tu entendu dire… |
MATHIOU | MATHIEU |
Dé qué?… | Quoi ?… |
CADET | CADET |
Sur Dubedat troben bien à redire ! | Sur Dubedat on trouve bien à redire ! |
MATHIOU | MATHIEU |
Explique-té, Cadet. | Explique-toi, Cadet. |
CADET | CADET |
Coumént ?..: Mais tout anueyt | Comment ?..: Mais tout aujourd'hui |
Fèden coure sur hét lou plus estrange brueyt : | On fait courrir sur lui le plus étrange bruit : |
Sabes que lou Bouscat a chez hét une source, | Tu sais que le Bouscat a chez lui une source, |
Source qu'és à pu près soun unique ressource... | Source qui est à peu près son unique ressource... |
La fount Lasseppe… | La fontaine Lasseppe… |
MATHIOU | MATHIEU |
És bray. | C'est vrai |
CADET | CADET |
Sabes que touts lous ans | Tu sais que tous les ans |
La bille de Bourdéou nous pague cheys cénts francs | La ville de Bordeau nous paye six cents francs |
Per joui daou produit de ladite fountaine ? | Pour jouir du produit de ladite fontaine ? |
Éh bé, m'an announçat coume caouse certaine | Eh bien, on m'an annoncé comme chose certaine |
Que si toun Dubédat praou cantoun és élut, | Que si ton Dubédat pour le canton est élut, |
Lou Bouscat, aoussi léou, perdra soun rébingut ; | Le Bouscat, aussitôt, perdra son revenu ; |
Toun famux candidat nous préngra noste source... | Ton fameux candidat nous prendra notre source... |
Per sous chers Bourdelés curera noste bourse ! | Pour ses chers Bordelais il curera notre bourse ! |
É balà dounc perqué ne boty pas, Mathiou. | Et voilà donc pourquoi je ne vote pas, Mathieu. |
MATHIOU | MATHIEU |
Aou Bouscat une source, à Meyrignac un riou (1). | Au Bouscat une source, à Meyrignac une rivière (1). |
Qu'acos-hét égayant!... Moun Diu, quaou coumédie !... | Que c'est égayant !... Mon Dieu, quelle comédie !... |
Tréten lous électurs à l'hydrothérapie !... | Ils traitent les électeurs à l'hydrothérapie (2) !... |
Cadet, rassure-té, la fount nous appartént, | Cadet, rassure-toi, la source nous appartient, |
É, crey-mé, si jamais quaouqued'un y préténd, | Et, crois-moi, si jamais quelqu'un y prétend, |
Quand seré tout-puissant, quand l'Emperur estusse, | Quand il serait tout-puissant, quand bien il fût l'Empereur, |
Goume lou mouliney parlén aou rey de Prusse | Comme le meunier parlant au roi de Prusse |
(Lorsqu'un jour Frédéric boulut, per soun plaisi, | (Lorsqu'un jour Frédéric voulut, pour son plaisir, |
S'émparade l'oustaou daou joyux Sans-Souci), | S'emparer de la maison du joyeux Sans-Souci), |
Pouyran dire, nous aouts : « An das juges en France. » | Nous pourrons dire, nous : « On a des juges en France. » |
CADET | CADET |
Alors ne risquen rés ? | Alors nous ne risquons rien ? |
MATHIOU | MATHIEU |
T'en bailly l'assurance. | Je t'en donne l'assurance. |
CADET | CADET |
Hé bé, puisqu'és ainsi que m'en an tant countat, | Et bien, puisque c'est ainsi que l'on m'en a tant conté, |
Per pourta préjudice à Moussu Dubédat, | Pour porter préjudice à Monsieur Dubédat, |
Jou boterey per hét!… | Moi, je voterai pour lui !… |
MATHIOU | MATHIEU |
És per la classe oubreyre ; | Il est pour la classe ouvrière ; |
Balà dounc per déqué ne bolen pas lou beyre. | Voilà donc pourquoi ils ne veulent pas le voir. |
Sigues ferme, Cadet, n'esproubes pas l'affrount | Sois ferme, Cadet, n'éprouve pas l'affront |
D'ana néga toun dreyt déns l'aygue d'une fount! | D'aller noyer ton droit dans l'eau d'une fontaine ! |
Un Brugés. | Un Brugeais. |
(1) La semane passade, lous électurs de Meyrignac esturen menaçats de perde un riou que lis y és indispénsable, si Moussu Clouzet, candidat de l'oppositioun, ère noummat. | (1) La semaine dernière, les électeurs de Mérignac furent menacés de perdre une rivière qui leur est indispensable, si Monsieur Clouzet, candidat de l'opposition, était nommé. |
Traduction : Olivier SIRGUE
(2) Trés certainement en rapport avec l'établissement hydrothérapique du Bouscat.Voir dans "Au fil du temps. Partie 1"
Maj 10/2018