Site Lou Boscat

Aléas climatiques et naturels

 
Source : http://gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, réutilisation non commerciale libre et gratuite.

1443. Épisode de grand froid

Un document très détaillé sur la Viticulture et vinification en Bordelais au Moyen Âge donne de bonnes indications sur les aléas climatiques :

… Les grands froids de l’année précédente, dont les vignes avaient beaucoup souffert, firent en 1444 transformer des agrières (1) en cens (2)
Maj 23/05/2022

Notes


(1) Redevance agricole sur la récolte payable en nature au seigneur des lieux. ( wiktionary )
(2) Le cens (droit seigneurial), au Moyen Âge, est une redevance foncière due au seigneur qui possède des titres sur la terre. ( Wikipedia )
             ▲ Retour haut de page ▲

Épisode de grand froid en 1608-1609

Un épisode oublié de très grand froid sur la région bordelaise. On apprend entre autres, l'origine de la rue des Fours (quartier Saint-Michel, Bordeaux).
Voici un court extrait de
l'histoire complète de Bordeaux (Source : Gallica BNF)

Après ces temps orageux, la nation semblait enfin arrivée à un état de paix et entrevoyait un meilleur avenir; mais au milieu de ces rêves et des illusions enchanteresses, mais passagères, la nature vint contrarier les vœux du roi et du peuple; un hiver excessivement rigoureux paralysa tous les bras et retarda les progrès que le peuple faisait vers un bien-être plus étendu.

Le froid commença le 29 décembre 1608, et pendant six semaines le thermomètre se maintint à 14 ou 15 degrés au-dessous de zéro. Le 5 janvier 1609 la rivière, devant Bordeaux, fut prise partout, à l'exception d'un filet peu large, au milieu, où le courant se faisait sentir et charriait d'énormes glaçons qui endommagèrent les gros bâtiments et même en détruisirent quelques petits.

A Cadillac et devant Libourne, sur la Dordogne, on passait à pied d'une rive à l'autre, sur la glace, et la terre resta couverte, pendant un mois, d'une couche de neige de plus de soixante-six centimètres d'épaisseur.

Il fallait tenir le pain dans le four pour pouvoir le couper; le vin gela dans la barrique, et chaque barrique, à la fin du froid, ne fournissait que le cinquième du liquide qu'elle avait contenu.

Les arbres fruitiers périrent aussi bien que les vignes, et les rares ceps qui échappèrent, par une position favorable à la destruction générale, furent tellement maltraités, qu'ils restèrent improductifs pendant trois ans; les eaux-de-vie qui valaient 38 livres montèrent à 160 livres les 32 veltes, et les autres liquides haussèrent de prix en proportion.

Les marins furent réduits à la dernière misère; les boutiques fermées; les pauvres, ne pouvant avoir de bois de chauffage, se mirent à abattre les arbres séculaires des forêts de Cypressât, du Bouscat et de Villenave; il ne resta de froment que dans les terrains maigres et sablonneux. L'année fut d'autant plus calamiteuse que les chaleurs de l'été avaient été presque insupportables.

La misère la plus affreuse en fut la suite et la disette extrême.

Le pain était très rare, les pauvres n'en voyaient presque pas; on en fabriquait avec des pois, des fèves, des herbes potagères desséchées et mêlées avec une petite quantité de froment, de seigle ou d'orge, et on vendait ce pain étrange à deux sous six deniers la livre, tandis qu'auparavant le prix du pain bis n'était que de onze deniers.

Les boulangers n'osaient pas travailler chez eux; les jurats (1) firent construire des fours publics dans une ruelle qui garde depuis le nom de rue des Fours, et là se faisait tous les jours la distribution de ce pain composé d'un peu de méteil et de son, mélangé avec des glands ou des végétaux.

Jamais la misère n'avait été si grande à Bordeaux; les riches se montrèrent généreux et compatissants; les prêtres quêtaient pour leurs pauvres; les couvents tenaient leurs portes ouvertes pour tous les malheureux qui voulaient recourir à leur charité.

La fortune s'était mise au service des misérables, et la religion inspira et bénit cette année-là la lutte de l'opulence animée de la foi, contre la misère publique avec ses impérieuses exigences.

Les Bordelais parurent alors dans leur véritable caractère; ils furent bons et compatissants, généreux et charitables; toutes les classes se confondirent, tous les rangs se mêlèrent, tous les citoyens furent frères; quelle que fût la désolation des pauvres, ils ne se rendirent pas coupables d'un seul désordre; il y avait de leur part autant de calme et de résignation qu'il y avait, du côté des riches, de zèle, de charité et d'empressement à adoucir leur malheureuse position.
Maj 20/01/2019

Notes


(1) Jurat : Jurat est à l'origine un mot occitan issu du latin juratus, "qui a prêté serment".
Un jurat est, dans certaines villes en particulier du sud-ouest de la France (Bordeaux et La Rochelle), en Espagne ou dans les îles Anglo-Normandes, un magistrat municipal ayant prêté serment. Source Wikipedia.
             ▲ Retour haut de page ▲

1709. Épisode de grand froid

Au mois de janvier 1709, le froid fut excessif. Le vin gela dans les barriques; les arbres fruitiers périrent avec les vignes. Les vins et eaux-de-vie quadruplèrent de prix. Les pauvres, pour se chauffer, allèrent abattre les bois du Cypressat et du Bouscat. Les semences même furent gelées dans la terre : on fit du pain avec du son, des glands et des racines. Une ardente charité put seule adoucir les rigueurs de cette disette. Les vents contraires retardaient les arrivages de grains; le peuple s'ameutait. Enfin, on obtint de Libourne un prêt de quinze mille boisseaux(1) de blé.
Maj 16/07/2023

Notes


(1) un boisseau = 12,695 litres. Source Wikipedia.
             ▲ Retour haut de page ▲

1760. Tremblement de terre

Information trouvée dans Chroniques Bordelaises de 1866. (transcription avec orthographe de l'époque).

La nuit du vendredi 11 au samedi 12 du mois de juillet 1760, il y eut à Bordeaux, vers une heure après minuit, une secousse de tremblement de terre assés violente, que ressentirent un grand nombre de personnes, mais dont bien d'autres ne s'apperçurent point, se trouvant alors trop profondément endormies. Les gens de la campagne surtout le sentirent parfaitement. Plusieurs dirent l'avoir sentie aussi forte que la fameuse secousse de 1759. Cependant elle ne fit aucune espèce de dommage ; seulement les maisons et les lits furent secoués, et l'on entendit en l'air un bruit assés grand. Quelque observateur me dit qu'il avoit cru s'appercevoir que la secousse venoit du nord au sud; et ce même homme m'assura qu'il en avoit ressenti six ou sept depuis celle de 1759, à la vérité peu considérables les unes et les autres, et la plupart pendant le jour, mais dont sans doute on ne s'étoit point apperçu par le mouvement et les distractions ordinaires de la journée.
Maj 03/02/2022

Source : Université Bordeaux Montaigne

             ▲ Retour haut de page ▲

Inondations en janvier 1843

Difficile d'imaginer ces inondations qui dépassent largement le cadre de la Gironde. Si beaucoup de choses ont changées, beaucoup de lieux cités sont toujours présents. Prenez une carte et imaginez !

Extraits de "Origine de Bordeaux, et inondations de la Gironde et des départements limitrophes en janvier 1843" - BNF.

On lit dans le Mémorial du 16 Janvier :
Les grosses pluies qui n'ont cessé de tomber depuis quinze jours, la violence des vents, une forte crue dans les eaux de la Garonne, viennent d'occasionner dans notre ville d'affreux malheurs : les bas quartiers de Bordeaux avoisinant les quais, plusieurs rues de l'intérieur, telles que celles de Cheverus, Beaubedat, Margaux, et autres environnantes, sont submergés par les eaux ; la circulation est interrompue sur plusieurs points, et la hauteur des eaux est arrivée à plus de 30 centimètres dans le rez-de-chaussée des maisons.

Mais là ne se bornent pas les accidens ; que l'on parcoure les quartiers de Belleville et de Mériadeck, ceux compris entre la rue Pont-Long et la rue de l'Eglise Saint-Seurin, et l'on n'apercevra qu'un immense lac ; les eaux se sont élevées à plus de 3 mètres dans certains endroits ; toutes les maisons situées à droite et à gauche de la chaussée faisant suite à la rue Judaïque - Saint-Seurin ont été envahies par elles ; les belles serres de M. Gueyraud, le jardinier fleuriste et pépiniériste, sont en partie détruites, et lui-même, ainsi que sa famille, ont eu beaucoup de peine à se soustraire à l'action toujours croissante des eaux.

La désolation est peinte sur tous les visages des personnes qui habitent ce quartier ; de grands malheurs pouvaient arriver, cependant aucun ne nous a encore été signalé. Tous les terrains situés aux environs de la place Mériadeck et de la manufacture des tabacs sont également inondés ; les habitans se sont réfugiés dans les étages supérieurs des maisons, d'autres ont abandonné leurs domiciles. Ce triste spectacle navre le cœur ; et si l'on songe surtout que ces quartiers sont habités par la classe ouvrière et industrielle qui n'a d'autres moyens d'existence que ses bras et son travail, combien doit-on gémir sur la présence du terrible fléau qui est venu tout à coup la plonger dans une affreuse misère !

Le temps paraît être toujours mauvais ; des nuages lourds et noirs paraissent au soleil couchant. Dieu veuille que l'inondation ait bientôt un terme et que les eaux s'écoulent rapidement, car un séjour prolongé augmenterait encore les pertes, et pourrait nuire à la solidité des maisons.

Dans cette épouvantable catastrophe, qui, de mémoire d'homme, n'était venue fondre sur notre ville, l'autorité municipale a rivalisé de zèle pour atténuer, autant qu'il était possible, les maux qui pouvaient résulter de cette subite inondation. M. le Maire de Bordeaux, accompagné de M. le Directeur des travaux publics, a visité, dans la journée d'hier, tous les points menacés et envahis par les eaux ; il a fait transporter dans les quartiers submergés des barques pour pouvoir porter des secours en cas de besoin, et sauver quelques débris à la fureur des flots ; de nombreuses patrouilles, des ouvriers de la ville, porteurs d'échelles et de cordages, ont dû veiller la nuit dernière ; enfin, rien n'a été négligé pour combattre les funestes résultats de cette inondation.

Tous les environs de Bordeaux, tels que Bruges, Eysines, Blanquefort, Parempuyre, le Bouscat, et les marais de Rivière, sont submergés par suite des ruptures des digues et des débordemens de la rivière. Voici encore quelques nouveaux détails que nous croyons exacts et qui nous sont communiqués à l'instant :
Le pont de Ladouce, situé au bas de Caillou, sur le chemin de Bègles, s'est enfoncé, et toute la propriété de M. Bigourdan est sous l'eau : on craint beaucoup pour les murs, que l'eau mine. Dans la ruelle du Péril, près le moulin d'Ars, 15 ou 20 mètres de mur, de Mme Geneste, se sont écroulés.

Dans le même quartier, une partie des murs de la propriété de M. Bosc a été renversée.

Pendant la nuit de samedi, le pont de Talence a été couvert de plus de 1 mètre d'eau. La violence des flots s'est portée sur le mur de gauche, qui a été détruit.

A Gradignan, il y a près de 1 mètre d'eau dans la verrerie, et le passage aux environs est interdit même aux voitures.

Au pont de la Maye, des bâtimens de la belle blanchisserie de toile se sont écroulés en partie, mais heureusement personne n'a été blessé.

Au pont du Guit, l'auberge de M. Moreau a été envahie subitement par les eaux ; il a fallu, hier matin, aller chercher le propriétaire et sa famille à bord d'un bateau.
Maj 20/01/2019

             ▲ Retour haut de page ▲

1852. Tremblement de terre

Informations du journal « L'Écho du Midi ».
GIRONDE. Bordeaux, 28 janvier.- Les détails nous arrivent de tous côtés.sur les étranges incidents auxquels a donne lieu la commotion volcanique d’avant-hier matin Chez M. le docteur Vénot. la vaisselle dressée sur le buffet a été lancée dans l’appartement et s’est entièrement brisée. – Dans certaines maisons, des femmes, saisies d’une épouvante portée jusqu’à ces dernières limites se sont, élancées a leurs croisées, en criant : Au voleur et à l’assassin !

À la Chartreuse, un boulanger, qui avait, quelques heures auparavant, soigneusement arrangé son pain sur les étagères de sa boutique, a trouvé le lendemain tout bouleversé ; les pains étaient éparpillés, pêle-mêle, dans la chambre, et plusieurs de ses étagères avaient elles-mêmes changé de place. Dans les campagnes des environs de Bordeaux, où les populations sont déjà sur pied pendant que les habitants de la ville sont encore plongés dans un profond sommeil, l’émotion a été plus vive. Les marchandes de légumes, les laitières qui abandonnent à peu près vers cette heure-là leurs villages pour se rendre au marché de Bordeaux, ont été saisies par les effets de ce phénomène qu’elles ne pouvaient s’expliquer. Plusieurs ont vu leurs marchandises renversées. Les marchands d’œufs sont généralement arrivés à Bordeaux avec des omelettes dans leur panier.

Voici les renseignements qui nous arrivent des communes rurales avoisinantes :
Bruges. On a cru a une immense inondation de la mer qui allait tout engloutir.
Besse.— Une cheminée a été renversée par la secousse.
Bouscat. – Un homme a eu le bras cassé par la chute d’un plafond.
Landes. Un grand nombre de pins ont été ébranlés ; quelques-uns mêmes ont été déracinés, le peu de consistance des terrains sablonneux de ces contrées explique ce phénomène qui ne se produit d’ordinaire que dans les ouragans.
Castillon. – La ville a éprouvé une secousse qui a réveillé tous les habitants ; dans toutes les maisons, les meubles ont été bouleversés ; les embarcations qui se trouvaient sur la rivière ont été agitées et les marchandises qu’elles contenaient ont été dérangées.
Il était deux heures dix minutes ; L’ébranlement a duré environ une minute et cinq à six secondes ; on était fortement agité dans son lit. Tout tremblait dans les appartements « les portes, les fenêtres, les vitres, la vaisselle vibraient avec force. Des cages d’oiseaux, des paniers et divers objets appendus aux murailles, ont été rudement jetés à terre ; plusieurs personnes ont cru que les charpentes croulaient.
L’oscillation a paru venir du nord au sud-est ; le grondement était sourd et prolongé, et le bruit s’est apaisé comme un coup de tonnerre qui expire dans le lointain.
On cite un paysan qui venait de l’Entre-deux-Mers, et qui traversait le pont de Bordeaux sur son âne, lorsque la commotion a en lieu.
Le brave homme a cru que c’était le pont qui s écroulait ; il est descendu aussitôt de son âne et a couru à toutes jambes vers la grille pour prévenir le gardien que le pont allait tomber dans la rivière. Depuis que cette secousse s’est fait sentir, quoique la nature n’ait rien perdu de son aspect, l’atmosphère semble cependant chargée d’une plus grande quantité d’électricité. (Courrier de la Gironde.) .
Maj 24/11/2021

             ▲ Retour haut de page ▲

Un cyclone en 1877

Le journal " Le Gaulois " du 24 août 1877 relate une tempête dans la région sous le titre "Le cyclone de l'ouest".

II faut remonter une quarantaine d'années dans le souvenir des Bordelais pour trouver la trace d’une perturbation atmosphérique aussi profonde que celle d'hier soir.

La journée avait été torride ; le thermomètre marquait à l'ombre 33 degrés a midi, et il a atteint jusqu'à 36 degrés. On avait d'autant plus souffert, que depuis cinq jours une chaleur d’orage, énervante et lourde, pesait sur nous. Brusquement, vers sept heures et demie, le ciel s'est couvert. Des vapeurs épaisses montaient de l'ouest. Presque en même temps l'horizon a été sillonné de larges éclairs, précurseurs de l’orage.

En quelques minutes, les éclairs se sont précipités jusqu’à devenir continus les nuages se sont amoncelée la lune s'est obscurcie, de larges gouttes de pluie sont tombées au même instant, avec une rapidité foudroyante, l'air était bouleversé ce n'était plus le vent qui soufflait, c'était l'ouragan la pluie avait pris les allures diluviennes de la trombe, l'horizon était embrasé, la tempête renversait tout devant elle.

Dans la rue, les ruisseaux. s'étaient transformés en torrents  ; des cheminées, cédant sous l'effort du vent, étaient enlevées des toitures et retombaient lourdement sur le pavé, éparpillant leurs éclats pêle-mêle avec des débris de tuiles, d'ardoises, de vitres, de poutres, de mortier.

Rue Tombeloty, une maison a été presque complètement démolie.

Rue Saint-Rémy, une tuile, emportée du haut d'une toiture, a pénétré dans un omnibus par un vasistas, a brisé la vitre et causé à un voyageur des blessures à la main.

Aux allées Damour, de gros arbres ont été cassés en deux, à hauteur d'homme, ainsi que de frêles allumettes.

Aux Chartons, rue Tourat, 10, un fait extraordinaire a été constaté. Il y a là une cour intérieure abritée par une vaste lanterne. Le vent a pris la lanterne en dessous et l'a emportée tout d'une pièce jusqu'au n° 26 de la rue Notre-Dame. Là, elle s'est brisée, et dans sa chute elle a enfoncé, dans le mur, des barreaux de fer à une profondeur de 15 à 20 centimètres.

L'ouragan tourbillonnait avec la dernière violence et semblait se renforcer encore a mesure qu'il accomplissait de nouveaux ravages.

Et, tandis que la tempête sévissait avec tant d'impétuosité, le ciel demeurait embrasé comme si l'incendie était aux quatre coins de l'horizon Les éclairs illuminaient la ville, sans pourtant que les coups de tonnerre fussent bien éclatants. De loin en loin, un grondement sourd se faisait entendre, et c'était tout mais en bas, le vacarme ne faisait point de trêve. Les volets, les tuiles, les ardoises et les cheminées pleurent en éclats on entendait le vent mugir, les grands arbres craquer, les gréements des navires a l'ancré grincer.

La dévastation était partout. Qui pourra compter les pertes subies et dénombrer les personnes atteintes ?

Le Journal de Bordeaux  :
Un orage épouvantable, accompagné de rafales de pluie, s'est abattu hier soir, vers neuf heures sur Bordeaux.

Pendant plus d'une heure, les éclairs n'ont cessé de sillonner le ciel et les détonations se sont succédé sourdes et précipitées puis, tout à coup, le vent d'ouest a soufré avec la dernière impétuosité, soulevant un nuage de poussière, brisant les branches d'arbres, les vitres et renversant les devantures. Le tableau était navrant.

La violence de l'ouragan a été telle que d'importants dégâts ont été faits, notamment à la tour Pey-Berland et a la Chartreuse. On nous signale aussi un grand nombre de maisons dont les cheminées ont été renversées.

La voûte de la Galerie Bordelaise a été crevée en plusieurs endroits, sur le cours d'Albret et aux allées Damaur, des arbres mesurant vingt-cinq centimètres ont été brisés ou arrachés. Rue desTrois-Conils et rue Saint Rémy, la toiture de deux maisons a été défoncée. Enfin, la foudre est tombée en plusieurs endroits, et notamment sur une maison de la rue de La Boétie.

Le conducteur de l'omnibus qui fait le service entre Bordeaux et Caudéran a failli, nous assure-t-on, être victime. Au moment où il descendait de son siège pour remettre sa feuille au contrôleur, un énorme peuplier s'est abattu sur son siège et a brisé la toiture du kiosque.

Mais le plus curieux effet de l'orage se voit en ce moment au jardin de la Mairie. Là, le vent est devenu vraiment séditieux. La cage de planches qui dérobait la statue de Louis XVI à la vue du publique a été littéralement enlevée. Ce matin, une affluence considérable de curieux admirait, en dépit du conseil municipal, les traits augustes du monarque.

A Mérignac, Bruges. Caudéran, Eysines, Le Bouscat, grande quantité d'arbres ont été déracinés. Les chemins sont jonchés de leurs débris. Les fruits sont perdus en grande partie.

A Caudéran les cheminées de la mairie ont été enlevées ; une partie de la toiture a été démolie.

Des animaux, épouvantés par l'ouragan, qui avaient brisé la porte des écuries, erraient par les chemins. On a trouvé ce matin à la mairie de Caudéran une vache qui, affolée, était venue sans doute se placer sous la protection de la municipalité républicaine de cette localité.
Maj 20/01/2019

             ▲ Retour haut de page ▲

1886 fin mai. Trombe de grêle

Le journal   Le Progrès libéral rapporte une "trombe" de grêle catastrophique au Bouscat et alentours. Ici de larges extraits des articles.

Eysines, Blanquefort et toute la côte du Médoc ont été ravagés.

A Blanquefort, il ne reste plus que les échalas. Le Bouscat, Mérignac et Caudéran ont été également fort maltraités. Dans la dernière commune, une heure après l’orage, on ramassait des grêlons ayant encore 8 centimètres de diamètre. En ville, quelques grêlons dépassaient le poids de 300 grammes. Place de la Comédie, un enfant a été tué dans les bras de sa mère. Dans les rues Porte-Dijeaux et Vital-Carles, deux hommes ont été grièvement blessés à la tête. Rue Lavie, une petite fille de 9 ans, atteinte au front, est dans un état désespéré.

Le cimetière catholique est absolument dévasté. Il n’y reste plus une niche, plus une fleur.

Hier après-midi, vers quatre heures et demie, le ciel s’est couvert de nuages menaçants, et tout à coup, à cinq heures et demie, avant qu’il tombât une seule goutte de pluie, une trombe de grêle d’une violence inouïe s’est abattue avec la rapidité de la foudre sur une partie de la ville [Bordeaux], causant en un instant, par la grosseur des grêlons, des ravages considérables.

La chute de ces grêlons, dont certains pesaient 200 et même 300 grammes et plus, ce qui représente à peu près la grosseur du poing, a causé pendant les deux minutes qu’elle a duré un véritable effroi.

La plupart des vitrages de la ville ont été mis en pièces en quelques instants. À la Bourse, où se tenait à ce moment-là la réunion, il y a eu un moment de panique indescriptible. Les vitres de la grande lanterne, d’une épaisseur de 3 à 4 millimètres, sont venues se briser avec fracas sur le dallage du Hall.

Les vitrages du Musée de l’hôtel-de-ville sont en partie détruits, ainsi que ceux des marchés des Grands-Hommes et de la place des Chartrons.

... Le cimetière de la Chartreuse est dans un état lamentable.

... Les arbres des Quinconces et de plusieurs squares ont été littéralement hachés.

À l’hôtel de la Gironde, les vitrages des ateliers et plusieurs vérandas ont été mis en miettes. Quelques ouvriers ont été atteints assez légèrement.

... Nombre de maisons n’ont plus une seule vitre. Dans les rues, les cochers des véhicules, des omnibus et des tramways, surpris par la soudaineté de la-trombe, avaient grand-peine à retenir leurs chevaux fouettés par les grêlons et affolés.

... Un tramway qui longeait le boulevard de Caudéran, se dirigeant vers la rue Judaïque a été le théâtre d’une grosse panique. Les voyageurs qui étaient sur l’impériale ont sauté sur la chaussée.

... Les corniches d’un grand nombre de maisons ont été éraflées, et sur quelques points même enlevés. L’horloge pneumatique de la place de la Comédie a beaucoup souffert. Le cadran faisant face au cours de l’Intendance est complètement défoncé. Il ne reste plus que les aiguilles.

... Nous avons jusqu’à cette heure connaissance des accidents de personnes suivants : Un enfant... tué par un grêlon dans les bras de sa mère, sur la place de la Comédie.

Sur la place Gambetta, une femme a été grièvement blessée à la tête. De nombreux passants ont été blessés légèrement par la chute des grêlons ou des éclats de verre.
Un terrassier, travaillant rue du Jardin-Public, a été atteint par un grêlon qui lui a fait à la tête une blessure assez grave.
Au coin des rues Vital-Caries et Porte-Dijeaux, un ouvrier coiffé d’un béret a été également blessé à la tête. Une petite fille qui se trouvait dans la rue Lavie a reçu au front une forte blessure occasionnée par la chute d’un grêlon. Rue du Palais-Gallien, un cocher frappé par un des premiers grêlons au milieu du front a eu son visage inondé de sang en moins d’une seconde. La blessure n’aura cependant pas de suites graves.
À l’école communale laïque de filles de la rue des Ayres, la panique s’est mise dans deux ou trois classes... L’énergie des maîtresses (et il convient de les féliciter) a empêché tout accident.

... Un quart d’heure après la trombe, une pluie diluvienne est tombée sur la ville et a inondé les rues et les rez-de-chaussée de nombreuses maisons....

Au Bouscat, dans les propriétés ... les tuiles de tous les bâtiments avaient été enlevées ou brisées. On peut estimer les pertes produites dans les vignes et sur les arbres fruitiers au huitième de la récolte sur laquelle il était permis de compter. A cinq heures vingt-cinq minutes, à peu près, on a entendu dans cette localité un bruit semblable au galop d’un escadron de cavalerie, qui semblait venir de l’Ouest-Sud-Ouest, puis est venue la trombe.
Au Bouscat, proprement dit, autour du bourg même, les ravages paraissent s’accentuer ; c’est ainsi que, outre un nombre considérable de vitres brisées, de ravages dans les vignes, les maraîchers accusent pour leurs légumes un quart de dégât.
Sainte Germaine a été aussi gravement atteinte.

Dans la commune de Bruges, l’ouragan s’est annoncé par une petite grêle vers cinq heures dix à peu près. Après un quart d’heure d’éclaircie, le ciel s’est de nouveau couvert ; puis, tout d’un coup, une nuée épaisse de grêlons est tombée, écrasant tout sur son passage.
La grosseur des grêlons était telle qu’une dalle a été trouée comme à l’emporte-pièce et qu’une baignoire en zinc a eu plusieurs morceaux tordus et emportés...

Dans la commune d’Eysines, M. Arnut, propriétaire du château de Lafont-Feline, a constaté que le toit de son château avait été percé à jour ; on a pu ramasser des grêlons énormes sur le plancher du grenier.
Sur le petit chemin d’Eysines, un accident doit être signalé. Un cheval attelé à une jardinière s’est emballé par suite des grêlons qui lui tombaient sur les oreilles. Le cocher a été culbuté et quand on put le ramasser on a constaté qu’il portait plusieurs blessures au visage.
...au lieu dit : « Les Pins-Francs », un jeune vacher surpris par la grêle ... n’a pu éviter d’être frappé par plusieurs grêlons qui ont déterminé sur ses bras et sur sa poitrine plusieurs blessures telles que le sang s’est mis immédiatement à couler.

L’usine d’équarrissage de la ville de Bordeaux, a eu son toit brisé et emporté en partie.

La commune de Caudéran a beaucoup souffert.
La commune de Mérignac a subi un véritable désastre. Un peu avant cinq heures, de gros nuages blancs et gris, qui s’étaient amoncelés dans l’atmosphère, se sont tout à coup entr’ouverts ; un bruit sourd, semblable au passage d’un train sous un tunnel, s’est fait entendre, et d’énormes grêlons sont tombés avec une extrême violence, brisant, détruisant, arrachant tout ce qui se trouvait sur leur passage.
Le poids des grêlons variait entre 50 et 250 grammes ; ils avaient une forme allongée et étaient armés d’aspérités ; on eût dit des pignes de pin.
... un laitier de Mérignac a été si violemment touché à la tête qu’il est alité et, est gravement malade.

Hier soir, à dix heures, on pouvait constater sur la route du Médoc un fait assez curieux. Presque toutes les lanternes des becs de gaz ont été épargnées et le côté des numéros pairs seulement est jonché de feuilles et de branches.
Maj 21/01/2023

Source : Gallica BNF             ▲ Retour haut de page ▲

1935. Ouragan

Au cours de l'année 1935, de nombreux orages de grêle ont dévasté plusieurs régions du département de la Gironde. Parmi les plus violents, il convient de signaler celui du 3 septembre, qui a atteint de nombreuses communes de la région de Bordeaux et de la région de Libourne.

M. Lafforgue, directeur des services agricoles, a indiqué que des dégâts avaient été constatés dans 30 communes et que la région dévastée mesurait 70 kilomètres de longueur et 10 kilomètres de largeur. C'est la plus belle région de notre département qui a été atteinte par la grêle, et il faut avoir visité cette région pour se rendre compte de l'importance du désastre.

Au même moment, d'autres communes, qui font de la culture maraîchère, étaient également atteintes, et parmi elles les communes d'Eysines, du Haillan, de Caudéran, du Bouscat, de Bruges et la région de Bordeaux-Nord. Le lendemain de l'ouragan, M. le Préfet de la Gironde, M. le Directeur des services agricoles et les maires des communes intéressées se sont réunis pour essayer de dégager les moyens qui pouvaient venir efficacement en aide aux viticulteurs et aux maraîchers sinistrés.
Maj 23/05/2022

             ▲ Retour haut de page ▲

1952. Inondations

En novembre / décembre les pluies incessantes provoquent des inondations importantes. Extraits de quelques articles de journaux :

Une violente tempête d’ouest a soufflé toute la nuit sur le Sud-Ouest et le Centre de la France. Succédant aux pluies ininterrompues depuis plusieurs jours, des averses diluviennes ont grossi les rivières, aidées encore par les fontes de neige importantes qu’elles entraînent. La cote d’alerte est atteinte en de nombreux endroits et c’est un véritable désastre qu’on enregistre à Bordeaux.

Une lourde menace pèse sur les faubourgs nord de Bordeaux, du Bouscat, Bruges et Le Taillan, Dans tous ces quartiers, les maisons baignent dans l’eau et des mesures d’évacuation ont été envisagées qui toucheraient plusieurs centaines de familles.

Le Peugue sort de son lit. Des maisons sont isolées par les eaux à Cauderan, au Bouscat et à Pessac.

Toute la périphérie de Bordeaux située sur la rive gauche du fleuve a été, dès mardi matin, envahie jusqu’aux boulevards par les flots boueux.

Le dépôt des tramways est isolé et les véhicules durent être garés pendant la nuit dans différents endroits de la ville. Le jalle du Sable, à Eysines, rompant son remblai sur 40 mètres environ, se répandait en flots tumultueux dans lés jardins maraîchers, inondant en quelques minutes près de 300 hectares de culture.

Dans le reste du Sud-Ouest (Bergerac, Tarbes, Chatellerault, Brive, Limoges, Tulle), la situation est aussi tragique.
Maj 25/06/2023

             ▲ Retour haut de page ▲


             ▲ Retour haut de page ▲